jeudi


Il y a quelques jours, une nuit, en plein dans mon rêve j'ai eu un "éclair de mort", ce truc qui arrive plus ou moins rarement -encore plus rarement de cette intensité là- et qui pendant plusieurs secondes nous submerge d'une conscience suraiguë de la mort. à chaque fois que c'est arrivé j'en ai gardé un souvenir particulièrement précis, un goût ferreux au fond de la gorge comme celui d'une cuillère gardée longtemps dans la bouche et qui commencerait à rouiller, la mâchoire qui tire, l'effondrement total du peu d'enthousiasme qui servait à se lever le matin sans pleurer. C'est à chaque fois un déchirement de plus, le vide abyssal qui s'empare du passé comme du futur, réduit à néant nos tentatives de ne pas vouloir disparaître complètement, de sauver les meubles, les textes, les photos, la mémoire.

Je suis allée chercher le courrier, il était tôt, dans les 17h. La femme et l'homme qui était dans l'ascenseur avec moi ne m'ont même pas dit "au revoir", ça m'a un peu déprimé.
Une fois chez moi je ne savais pas ce que j'allais faire de ma soirée toute seule là haut dans ma chambre. comme tous les jours après l'école j'ai mangé toute seule avec "Nonobstant" à la radio et j'ai pris ma douche.
Sous la douche, je sais pas pourquoi, j'ai réfléchis aux conditions dans lesquelles étaient mort Fred Chichin, je suis pas une fan particulière des Rita Mitsouko mais la mort et le cancer sont des choses qui me travaillent quand leurs existences me sont rappelées. J'avais l'impression d'avoir à faire quelque chose, une sorte de deuil ou de réflexion autour de ça, je ne savais pas tellement quel comportement adopté, quel était la meilleur chose à faire : lire un livre ou prier, regarder la télé, jeûner ou m'occuper de ma mère. Mes réflexions m'ont totalement démoralisé, la vie avait une fois de plus perdu le sens que je lui avais trouvé, encore tout à l'heure j'étais plutôt enjouée mais il faut croire que mon humeur tient à pas grand chose, c'est un peu déprimant, toute seule j'ai du mal à échapper à la tristesse.
Au loin ma mère criait sur mon frère qui avait balancé un garçon de sa classe à propos d'une histoire d'insectes; j'ai commencé à me dire qu'avoir une certaine petite routine était la manière de vivre la plus éloignée de la mort.
Sur les coups de 19 heures, contente à l'idée d'être fatiguée, j'ai éteint les lumières de ma chambre et je me suis endormie, heureuse d'échapper de la meilleure façon qu'il soit à la réalité. Vers 23h j'ai senti ma soeur me bouger la couverture, elle cherchait la télécommande dans mon lit. Je me suis réveillée.

2 commentaires:

Pierre a dit…

T'inquiète pas, ce genre de période arrive à tout le monde, même si c'est chaque fois différent.
En tout cas ça peut être une bonne manière de libérer ton écriture, on sent que tes articles sont plus vrais, plus vécus qu'auparavant.

Léo a dit…

Hum.

la vie ne vaut pas la peine d'etre vécue si on s'attarde sur de si petites choses. le bonheur est partout. et plus près que tu ne le pense. avec un minimum de recherche, tout s'éclaire.