samedi



dormir très tôt le matin, se réveiller beaucoup trop tard, passer sa journée devant -par ordre d'apparition- un pc, un livre et une télé. ne se rendre compte qu'à 2 heures du matin qu'on a très mal à la tête.
Je tente en vain de me persuader que ce qu'on appelle la vie sociale n'est pas fait pour moi.
Les gens veulent avoir des vies sociales, la vie sociale ça veut tout dire, ça veut dire qu'on est "sociabilisable", en bonne santé, avec de la conversation et des amis.
Au lycée on ne parle que de ça, des amis qu'on a en dehors, de ce qu'on a fait ce week-end, ce mercredi, pendant les 3 heures "de trou", et c'est à celui qui répondra le mieux que reviendra les questions curieuses et le contentement de tous. Parfois, rien que de penser à ces questions me fait bondir hors de chez moi, n'importe où, quelque part où dire que j'y étais aura de la gueule. Souvent le centre commercial, souvent le cinéma.

J'ai souvent eu l'envie d'épuiser les journées jusqu'au bout, de les sucer jusqu'à la moelle, d'être fonctionnelle et réceptive de 8h à 00h, être là pour les cours de la journée, être là pour les conversations pendant le déjeuner, pour le débat en histoire géo, pour le cours de sport, pour mes devoirs, pour un concert après les cours. Il y a ces journées extrêmement bien remplies, satisfaisantes car elles ont du sens et vont de la situation initiale à la finale en passant par les péripéties.
Ce sont celles qu'on emprunte aux Occupés -ces gens qui ont des "dures journées" et qui enlèvent douloureusement leurs chaussures tout en soupirant le soir en rentrant du travail -pendant qu'eux vivent nos simili-vies de Désoeuvrés, notre mollesse et notre fatigue chroniques, nos grasses matinées étirées à l'infini et qu'eux appellent leurs "petits plaisirs", leur "week-end sacré".
Ces journées bien remplies ont lieu très rarement quand même, le plus souvent je fonctionne de sorte à ce que mes activités débordent de l'emploi du temps mental que je m'étais fait, et le temps prévu pour la discussion sur Msn avec X se multiplie par deux tandis que celui réservé aux révisions du contrôle de maths se divisent au même moment par deux.
Des journées anarchiques complètement aux antipodes de mes journées bien remplies comme si elles n'appartenaient pas à la même personne, des journées régies par l'ennui, la fatigue, des gestes lasses, un dos courbé.

Samedi je suis sortie de chez moi vers 16h, je devais rejoindre ma mère à Saint Lazare après son cours d'anglais, on devait m'acheter des chaussures.
Ca fait plusieurs fois qu'on fait ça, qu'on va à Saint Lazare et qu'on fait toutes les boutiques pour me trouver d'abord un manteau (c'est fait) et puis des chaussures. Toujours la même chose, le même processus : ma mère demande ma pointure pour plusieurs paires, je demande des bas à la vendeuse ou ma mère me prête le sien, j'essaye et à chaque fois que je me lève pour regarder mon pied sous tous les angles, ma mère appréhende ma réaction, elle aimerait en finir, une dizaine de fois elle a dû se confronter à mes moues, à mes "mouais", et je sentais que dans le ton de ses "tu les aimes?" elle désapprouvait mon choix et regardait déjà d'autres étalages.
Finalement je m'en sors avec des ballerines noires vernies à bout carrés, un truc de malade les bouts carrés, c'est mon obsession du moment, je trouve ça tellement classe, mes pieds ont l'air tellement beaux dedans, j'aime quand on voit les veines de mes pieds, je trouve ça beau, c'est mon côté femme fragile Barbara Gould.
Tout de suite après être revenue de ma séance de cinéma (le rêve de Cassandre) avec C. et sa copine V. j'avais à l'idée de dîner avec mes ballerines aux pieds juste comme ça, par plaisir, et c'est ce que j'ai fait, entourée de ma mère qui rangeait les courses qu'elle venait de faire, mon frère qui écoutait Skyrock (c'est nouveau mais je compte y remédier) en interdisant ma soeur d'aller au concert des Shins lundi parce que c'est son anniversaire et que ça se fait pas.

Aujourd'hui toute la famille traîne à la maison, les pcs sont tous occupés, on lit des livres et des magazines, on travaille, on papote, on fait des blagues, on mange des cônes au chocolat Picard, emile joue à sa nintendo DS, maman cherche des recettes de gâteaux pour lundi et pour mercredi comme j'organise une fiesta et on attend 20h50 pour regarder tous ensemble Family Man au salon avec nos couvertures. Une grosse famille de Désoeuvrés.

1 commentaire:

effrontée a dit…

la dernière chose dont j'ai rêvé cette nuit, c'est que tu publiais un post sur ton blog