mercredi

IRL



c'est en lisant un passage d'Henry Miller et en révisant mon contrôle d'histoire que je me suis rendue compte que la réalité (passée comme présente, celle future n'étant pas encore réelle) ne m'intéréssait pas du tout et qu'il fallait que je fasse avec, en toute connaissance de cause, que je ne me force pas à m'y intérésser puisque dorénavant ma personnalité se pare d'une nouvelle caractéristique. A présent, je le sais et les autres le sauront, la réalité ne m'intéresse pas.
Dans la vie, la réalité -ou plutôt l'actualité- prend la forme de journaux télévisés, de presse gratuite, d'émissions radio, de débats improvisés, d'opinions recueillies au détour d'une heure de trou, de cours d'histoire et à chaque fois, à l'intérieur de mon corps l'indifférence règne, à l'extérieur c'est le silence, préférant et choisissant le silence au lieu du baratin, je ne parle que de ce que je connais, je peux parler d'un livre ou d'un CD acheté dernièrement, de ces choses atemporelles qui possèdent leur propre réalité ou plutôt qui n'en possèdent pas et qui font qu'elles m'attirent et me plaisent tant.

Je n'allume plus la télé que pour regarder des films, mais les informations actuelles arrivent toujours à passer à travers les portes que je place entre elles et moi et malgré mes quelques efforts je me retrouve à connaître plus ou moins en détails l'affaire de l'Arche de Zoé ou plus récemment, celle de la Société Générale, qui par leur ridicule et (j'ai failli dire banalité) leur hyperréalité me dépriment au plus haut point.
Aucune littérature, aucun art, aucune poésie, aucun talent ne se cache derrière ces contes, ces fables modernes qui n'ont rien avoir avec ma vie, ne m'inspirent rien, ne provoquent rien en moi sinon un léger égarement, un regard fixant le vide quelques secondes et qui finit par reprendre conscience du bol de flocons d'avoine au chocolat noir placé devant lui.

Voici la vie dehors, voici la mienne, placées l'une à côté de l'autre elles se font contrastes, ne se répondent pas, n'ont rien à se dire et le malaise règne.

mardi

A des passants

Ces temps-ci je suis souvent au Starbucks avec charlette, cécilia et marie, toujours assises au même endroit à l'intérieur du dôme mais à l'extérieur du Starbucks. Je suis placée de sorte à pouvoir voir les gens qui marchent : les femmes revenant des soldes les bras moins chargés que ceux de Julia Roberts dans Pretty Woman -et tout ces films qui véhiculent de mauvaises et fausses idées sur le shopping- et les hommes marchant avec détermination vers la dizaine de restaurant qui se présente à eux avec la ferme intention de manger, de combler le vide persistant dans leurs ventres depuis 2 heures.
Parfois j'en croise un plus proche de mon idéal d'homme que les autres et je commence à l'aimer en secret. La proximité de nos corps m'émeut, rien n'aurait pu nous réunir si ce n'est le hasard et aujourd'hui il est bien là, au rendez-vous que je lui ai tacitement fixé en venant m'installer précisement là, en lui offrant mon temps, mes heures d'oisiveté et mon attention qui n'attend plus que lui pour s'y accrocher à la manière d'un hameçon.

j'imagine que dans ce grand mélange de vies personne n'a le droit de se parler, ici l'ignorance est une forme de considération, apprendre à ignorer son prochain, ne pas le frôler, ne pas le regarder avec trop d'insistance et ne rien lui faire croire. tout le monde est de passage et pendant ce temps je tombe 10 fois amoureuse d'hommes mystérieux qui dès l'instant où ils franchissent la limite de mon champ de vision n'existent plus et seul subsiste le souvenir semblable à celui qu'on garde d'un mort.
Ce qui me bouleverse encore plus que les brèves apparitions de ces jeunes hommes ce sont les faux espoirs qu'elles me font miroiter, la nouvelle de leur existence ne m'avance finalement en rien et dans aucun domaine sinon dans celui de la souffrance.
Je finis par recentrer mon attention sur Charlette que j'écoutais sans regarder et qui dans ce contexte symbolise et me ramène à la réalité qui n'est pas forcément si atroce (même si le sentiment de frustration générale qu'elle m'inspire est à l'origine de mon envie d'écrire, de tenir ce blog) mais qui a souvent du mal à se garnir de poésie.
Dehors le temps me fait penser à n'importe quelle chanson d'Interpol, la pluie salope mon manteau, j'enfile mon bonnet, nous retournons en cours. Je suis une passante pour un homme attablé à un café.

mercredi

des comptes à rebours I

il s'agira de parler de mon nouvel an dans le désordre, de la façon qui me conviendra.
Ici le trajet du retour et le lendemain de fête.


Je suis à côté de Rodolphe, beaucoup trop fatiguée pour discuter, je préfère me taire plutôt que de dire de la merde. j'étale mes pieds sur le cuir bleu du siège d'en face. mon jean noir est un peu sale, les boucles des lacets de mes Vans sont grandes, presques comiques.J'hésite à dormir sur son épaule et puis je me dis qu'il ne faut pas être si prévisible. Il me fait la bise et descend à République, j'essaye vraiment de ne pas m'endormir, je suis tellement fatiguée que j'ai presque envie de pleurer. Je monte et descend des escaliers, me demande pourquoi il faut en descendre pour en monter deux mètres plus loin et ça me révolte. Il n'y a personne pour m'aider, je marche tel un zombie lucide.
Mon sac à dos est vide, il n'y a plus les bouteilles de vin ni les livres pour Camille.
Dans le métro je fixe le visage d'une fille qui se trouve loin en face de moi, assez loin pour ne pas qu'elle sente quelqu'un la regarder, elle est sereine, la tête contre la vitre, et ses cheveux ont des boucles, elle revient elle aussi d'une fête, contrairement aux familles tout autour de nous. Les fêtards d'un soir cottoient les lève-tôt.
J'attend le train pendant 10 minutes, je pense à ce que je ferais une fois chez moi, je cherche des raccourcis pour me mettre au lit le plus vite possible, je cherche ce qui me parait essentiel à faire, ce que je devrais ranger pour ne pas que ma mère grogne en me voyant dormir.

Il est 11h du matin.
Le trajet était interminable et une fois devant ma résidence j'ai du mal à réaliser que je suis enfin chez moi, que je vais dormir, que rien de grave ne m'est arrivé, que je m'en sors indemne. Ma mère dort, la radio s'est enclenchée, elle a dû mettre le réveil. Myriam dort dans le lit d'Emile, ça me laisse la chambre pour moi toute seule, je me déshabille entièrement, enfile un bas de pyjama, un t-shirt et un sweat à capuche. Je me sens en forme pour faire des choses.
Je vais sur internet, mange un velouté Fruix à l'abricot, range mes affaires, me lave le visage et les mains et je ne m'endors pas subitement, je pense à des choses, finit par me mettre sur le ventre pour m'endormir progressivement.

A 18h presque pile je me réveille, il fait nuit et ma mère me crie un peu dessus. Emile et mon père sont revenus du Liban, j'essaye de distinguer leurs voix et puis je me lève. Mon père et sur son ordinateur, il se lève pour me prendre dans ses bras, je reste ferme et droite comme toujours, on parle un peu et j'ai faim. Ma mère n'a toujours pas fait les courses, je suis complètement désespérée. Je mange des biscottes et des trucs sans goût qui ne me font pas plaisir. Je ne crois pas avoir allumé la radio, j'ai plutôt pensé à des trucs, à ma journée d'hier. C'était une journée gigantesque, remplie d'action qui, quand j'y repense, m'otent toute volonté d'écrire tellement il y a de choses à répertorier. Je dois penser à une solution, à une forme libre d'écriture qui me permettrait de m'épancher de façon à ce que cela devienne agréable. je ne dois pas voir ça comme un devoir mais je refuse de ne rien écrire sur cette journée.

Nous sommes le 2 janvier, à présent je remarque que le 31 se fond dans le 1er janvier qui se fond lui-même dans le 2 janvier. Ces 3 journées ne forment qu'un même bloc, envelopper dans cette même ambiance bizarre, à cheval entre deux mondes aux frontières ténues. Je dois digérer ce flot de vie, cette fête, ces rencontres, faire le point sur mon comportement avec les autres, voir ce qui n'allait pas, j'en ai pour un paquet de temps et je ne peux vraiment pas me résoudre à contourner cette étape. Personne n'en a envie mais une fois de plus nous acceptons la cadence du temps. personnellement je m'habituerai à écrire 2008 sur les copies doubles des contrôle avec quelques difficultés au départ. je met toute ma bonne volonté à essayer de faire une place à 2008, comme à un voisin de chambre un peu trop encombrant. je tente aussi de réduire l'importance et la signification de ce passage à une nouvelle année car désormais, je peux le dire, j'ai décidé que la nostalgie me fatiguait.