mardi

A des passants

Ces temps-ci je suis souvent au Starbucks avec charlette, cécilia et marie, toujours assises au même endroit à l'intérieur du dôme mais à l'extérieur du Starbucks. Je suis placée de sorte à pouvoir voir les gens qui marchent : les femmes revenant des soldes les bras moins chargés que ceux de Julia Roberts dans Pretty Woman -et tout ces films qui véhiculent de mauvaises et fausses idées sur le shopping- et les hommes marchant avec détermination vers la dizaine de restaurant qui se présente à eux avec la ferme intention de manger, de combler le vide persistant dans leurs ventres depuis 2 heures.
Parfois j'en croise un plus proche de mon idéal d'homme que les autres et je commence à l'aimer en secret. La proximité de nos corps m'émeut, rien n'aurait pu nous réunir si ce n'est le hasard et aujourd'hui il est bien là, au rendez-vous que je lui ai tacitement fixé en venant m'installer précisement là, en lui offrant mon temps, mes heures d'oisiveté et mon attention qui n'attend plus que lui pour s'y accrocher à la manière d'un hameçon.

j'imagine que dans ce grand mélange de vies personne n'a le droit de se parler, ici l'ignorance est une forme de considération, apprendre à ignorer son prochain, ne pas le frôler, ne pas le regarder avec trop d'insistance et ne rien lui faire croire. tout le monde est de passage et pendant ce temps je tombe 10 fois amoureuse d'hommes mystérieux qui dès l'instant où ils franchissent la limite de mon champ de vision n'existent plus et seul subsiste le souvenir semblable à celui qu'on garde d'un mort.
Ce qui me bouleverse encore plus que les brèves apparitions de ces jeunes hommes ce sont les faux espoirs qu'elles me font miroiter, la nouvelle de leur existence ne m'avance finalement en rien et dans aucun domaine sinon dans celui de la souffrance.
Je finis par recentrer mon attention sur Charlette que j'écoutais sans regarder et qui dans ce contexte symbolise et me ramène à la réalité qui n'est pas forcément si atroce (même si le sentiment de frustration générale qu'elle m'inspire est à l'origine de mon envie d'écrire, de tenir ce blog) mais qui a souvent du mal à se garnir de poésie.
Dehors le temps me fait penser à n'importe quelle chanson d'Interpol, la pluie salope mon manteau, j'enfile mon bonnet, nous retournons en cours. Je suis une passante pour un homme attablé à un café.

1 commentaire:

Unknown a dit…

C'est moins long et moins fréquent, mais c'est aussi de mieux en mieux. Tu vieillis, chère M ;) J'aimerais bien que tu sois ma passante. PS le verbe "saloper" conjugué, ça faisait longtemps que je l'avais pas vu. A tort