vendredi

l'Optimisme





J'ai émergé de mon sommeil vers 8 heures, un bruit de la réalité avait fait irruption dans mon rêve comme ça arrive souvent, c'était la sonnerie de mon portable.
Je me suis levée direction la cuisine. J'ai préparé mon café tout en écoutant le journal sur FranceInter qui parlait des origines hongroises de Sarkozy et de la probabilité d'un voyage qu'il effectuerait là-bas. je l'ai préparé dans ma belle tasse Lichtenstein achetée avant hier après l'exposition à la Pinacothèque.
Je passe beaucoup de temps à la regarder cette tasse, j'aime bien la voir sur la table de la cuisine, elle a pas forcément sa place avec le reste mais elle est très belle, j'ai dit à ma mère de faire attention quand elle faisait la vaisselle, je ne veux pas la casser.
J'ai apporté le café dans ma chambre avec toujours la crainte qu'il soit trop amer mais je l'ai préalablement bombardé de Canderel. Puis j'ai bougé la galette de Neil Young - On the beach pour une ancienne compilation gravée pour ma prof de français de l'année dernière à l'époque où j'avais encore la force de tenir régulièrement ce qu'elle appelait un "cahier de culture".
Play, puis toujours ce petit suspense qui me fait douter que ma chaine Hi-fi puisse lire les MP3, et bam, dès la première mélodie, à une heure normalement trop matinale pour pouvoir ressentir quelque chose d'aussi important, digne de mes nuits les plus tristes,j'ai vu défiler d'anciennes et poussiéreuses chansons qui m'ont littéralement déchiré le coeur tellement elles évoquaient si précisément une époque anté
rieure et le spectre de Baptiste. Je me suis juste effondrée sur mon lit, j'étais faible comme un Pokémon après un combat, je n'arrivais à rien faire, j'étais dans l'attente de tous les refrains, de tous les couplets, le temps passait clairement vite et au bout d'un moment, je suis revenue à la raison et j'ai haussé le son de sorte à ce que je puisse entendre la musique où que je sois dans l'appart pour pouvoir me préparer, mettre ma crème anti-acné (c'est préventif), attaché mes cheveux, me laver les pieds.
Le son était particulièrement limpide, c'était bien, c'était tellement bien, ça me chatouillait le bas du ventre, je me souviens pas avoir vécu une aussi bonne matinée depuis des tas d'années.

On les avait trop écouter ensemble, on se les était trop appropriées, certaines n'appartenaient qu'à lui, il me les avait faites connaître. je me suis sentie quand même mal à l'aise de lui faire ça, d'écouter ses chansons. Je n'avais pas l'impression d'être dans mon droit parce qu'en fin de compte dans l'histoire j'étais celle qui avait refusé de continuer.

J'ai eu du mal à décoller de l'appartement ce qui a fait que j'ai raté mon bus. j'ai dû marcher vite pour ne pas rater le train. Mon coeur était léger, ça allait, je pouvais me presser même en talons compensés. De toute façon la journée me souriait, je me disais que la vie a été jusque là clémente avec moi, l'important c'est ce qu'on est maintenant, comment on en ressort de tous ces "round", est là j'étais dans le train, saine et sauve avec un beau gosse pas loin, mais avec quand même toujours cette frustration de ne pas avoir l'impression de tout maîtriser à 100% et cette nostalgie de ce fameux moment présent qui me foudroie à chaque petit moment de félicité. je ne pense pas pouvoir tout avoir.

A 13h c'était la fin des cours où j'avais passé le plus clair de mon temps à fixer Augustin et à me demander si je le trouvais beau ou pas, autrement dit, s'il deviendrait ma raison de me lever le matin ou non.

j'avais planifié le reste de la journée. Comme tous les jours j'avais mon déjeuner dans mon sac que je prépare pendant une sorte de petit rituel le soir dans ma cuisine. des sandwiches, deux ou trois qui finissent écrasés mais je les préfère comme ça, et une pomme, et parfois un thermos rempli de café quand je sens que la journée sera compliquée.
Aujourd'hui j'avais décidé que je n'allais pas rentrer chez moi, je filerai direct à Beaubourg regarder la collection contemporaine, la moderne sera pour une autre fois.
Comme je ne voulais pas manger dans le métro avec une personne de chaque côté en train de me fixer, j'ai marché dehors jusqu'à la station suivante, de toute façon ça ne me posait pas de problèmes vu que j'aime toujours autant la rumeur des terrasses de café, les bribes de conversation qu'on recueille en passant et les hommes d'affaires qui sont (pour mon plus grand bonheur) obligés de sortir dehors fumer leur clope. Tout ça est très bien, ce sont des images apaisantes qui donnent foi en la vie.
Sur le trajet je lis les nouvelles dans Matin Plus, je ne me trouve pas très crédible, c'est pas comme si c'était le Monde hein, mais c'est déjà ça. D'ailleurs en m'engouffrant dans la station j'ai entendu des agents de sûreté SNCF dans leurs costumes proches de celui des militaires en train de papoter comme des femmelettes et lire leur horoscope dans le dernier 20 minutes, j'ai juste perçu un truc du genre "les astres vous ont réservé", c'était marrant.
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Le centre Pompidou était plutôt vide, j'avais eu l'excellente idée de me pointer la veille des journées du Patrimoine, donc pas un chat mais la gratuité toute l'année pour ma gueule.
L'endroit est toujours aussi vaste et animé, avec une nouveauté : il y avait quelques personnes assises par terre avec leurs laptop vu qu'il y a la Wifi gratos là-bas.
La meuf du guichet a rigolé en voyant ma gueule de 3 ans sur ma carte d'identité, on a eu un rire de connivence, j'ai trouvé ça bien, les gens sont humains.
L'exposition avait encore changé, le centre possède quelque chose comme 60.000 oeuvres et pas assez de place pour tout exposer alors ils changent sans cesse l'exposition permanente.
L'ambiance était sereine, je notais des choses, des concepts, c'était noble et apaisant, loin de beaucoup de choses, j'avais vraiment l'impression de m'ouvrir l'esprit, de comprendre une étendue plus large de choses qui étaient de l'ordre de l'inaccessible il y a 24 heures.
Je note surtout l'effet dévastateur qu'ont eu sur moi les photos de Diane Arbus la même netteté que la musique de ce matin, mes yeux ont commencé à brûler, la même sensation que ce matin, le bien-être, la compréhension, une très grande joie et une tristesse encore plus grande.
Avec Baptiste on est déjà allé ensemble à Beaubourg, vers Noël je crois, on avait passé une journée et une soirée très longue je crois, presque interminable quand j'y pense. Mais si je commence à éviter ou a réserver un sort différent aux endroits où je suis allée avec lui je m'en sortirai pas, on est allé tellement partout ensemble.

De retour chez moi en entrant dans le bus de bonne humeur, j'ai voulu dire bonjour au chauffeur mais il me tournait le dos et parlait à un collège par la fenêtre. Et une fois chez moi, dans les toilettes, en feuilletant Glamour, je suis tombée sur un article qui avait pour titre "Love Story : cette fois c'est la bonne". Baptiste et moi on raffolait de ce genre de psychologie rose cheap qui nous donnait l'impression d'en apprendre beaucoup sur nous, qui nous aidait. on parlait très souvent de presse féminine, je trouvais ça mignon de sa part.
Maintenant je n'ai ni la force ni l'envie de lire ce genre d'articles. alors j'ai tourné la page et j'ai regardé les fringues, il m'en faut des nouveaux à ma taille, j'ai vendu pour 80€ sur Ebay.

1 commentaire:

dignan a dit…

ouais elle est belle la sculpture. mais je préfère cette photo d'un noel americain de la fin des années soixantes. koi.