mardi

chlore puis café









je suis revenue dimanche soir, je crois avoir passé de bonnes vacances, avec ce qu'il faut de lecture, de télé, de transat et de tourments, ceux qui viennent quand s'en va la surcharge de travail et qui fait qu'on commence à cogiter sur tout un tas de choses qu'on pensait trop loin de nous, comme la mort, la vieillesse et tout et tout.
parfois je prenais le papier à lettres de l'hôtel pour improviser un récit de mes vacances sous forme de lettre et puis je finissais par capituler devant MTV. à part raconter que les Joudet devenaient oranges comme du pain à hamburger et qu'on avait plus de 7up diet dans le petit frigo de la kitchenette j'avais vraiment rien à dire.

Il y avait Canal+ en clair et j'ai pu faire découvrir Weeds à mes frangins et voir au moins 3 fois le même film français agaçant avec Julie Depardieu, à 9h (en comptant le décalage horaire) je devais être à la "maison" pour regarder le JT. Tout paraissait lointain et c'est comme si je ne faisais pas partie de "ces lycéens français" qu'on mentionnait dans les reportages sur la rentrée.
j'étais dans mon hôtel et souvent j'arrivais pas à dormir à cause des nombreux mariages qui s'enchainaient autour de la piscine de l'hôtel. Ca dansait sur la dernière soupe world music de Bob Sinclar et ça se recueillait devant les feux d'artifices.
Les hôtels sont -comme les aéroports- situés entre nulle part et partout, où que vous soyez le même confort vous est reservé; quoi qu'il arrive vous aurez des pains aux chocolats, du jus d'orange et des petits pots de confiture au petit-dejeûner, les piscines ont toutes la même couleur, les serviettes mises à votre disposition sont toutes de ce blanc immaculé qui fait ressortir votre bronzage, il y a de la moquette dans les couloirs, des petits flacons de shampooing et de gel douche qui vous attendent au bord de la baignoire et on vous porte vos valises à votre arrivée/départ. Les hôtels sont des micro-nations.

maintenant c'est fini et différent
les valises sont défaites, les livres de vacances plus cornés que les autres dans la bibliothèque, le monoï est à moitié vide dans la salle de bains à côté d'un pot de vaseline, les tongs compensées dans la valise, mon sac est prêt, mes fringues de demain sèchent sur la terrasse et j'ai dû lisser mes cheveux avec le séchoir car mon fer à lisser est mort. Le processus de débronzage est activé

j'ai ramené avec moi une liste de choses à faire ; vendre un paquet de fringues sur ebay, ne pas oublier de ne pas m'inscrire à la cantine, emmener ma besace FP chez le cordonnier, voir l'expo de Lichtenstein avant qu'elle ne soit délocalisée, remaigrir 3 kilos, j'étais tellement désoeuvré là-bas que maintenant je suis excitée à l'idée d'être surmenée par mes études.
je redoute le moment où mon père me demandera "je t'accompagne demain?",
s'installera alors une routine inévitable, je revois tout sous forme de flash comme dans une pub Gaz de france où ça va très vite pour plus d'émotions;
l'écume du dentifrice, mes yeux rouges, le café qui coule dans le syphon de l'évier, la voiture de mon père, Chante france, le portail, la sonnerie du lycée qui à la base est l'intro d'une chanson d'Aretha Franklin. ouh. est-ce que je tiendrai. c'est sûr que je tiendrai, j'y suis obligée mais à l'intérieur j'exploserai, j'exploserai en un feu d'artifice amer.

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